Par E.Hyacinthe Langlois du Pont de l'Arche
Extrait de : Essai  historique et descriptif sur la peinture sur verre

L'élégante église  de Sainte Foi de Conches est occupée par vingt-trois vitres peintes ,d'une beauté remarquable ,représentant plusieurs allégories mystiques en l'honneur de la vierge , la vie de Jésus Christ et celle de Sainte foi , patronne de ce temple . On y admire surtout la chute de la maison , écrasant sous ses ruines les satellites qui s'apprêtent à corrompre cette chaste martyre .
Le Vieil , dans son ouvrage fait  honneur du mémoire circonstancié qui lui fut adressé sur ces dernières vitres , à la plume d'un jeune homme , son contemporain , originaire de Conches  , dont il vante avec raison les connaissances et le goût pour les arts .Bien des années se sont écoulées depuis , et néanmoins nous espérons voir et posséder encore longtemps l'intéressant auteur de ce mémoire , dans la personne du vénérable Mr Gosseaume , docteur en médecine , et l'un des membres les plus remarquables de l'académie royale des sciences , belles-lettres et arts de Rouen .
Je ne passerai pas sous silence un vitrail quise fait remarquer également à Conches par son extrême singularité et dont voici le sujet:
Saint Bernard , épuisé par ses austérités , est contraint de se faire transporter au lieu de sa mission ; le diable qui veut s'opposer à son voyage , fracasse dans le chemin une roue du char ; le saint reconnaît à ce trait l'ennemi du salut , il s'empare vivement de sa noire personne , la substitue à la jante brisée de la roue et continue sa route tranquillement avec satan , qui le suit tout en roulant en maudissant amèrement sa bêtise …..
….. L'église de Conches renferme encore une vérrière dont l'histoire est digne d'intérêt . En voici l'histoire par Antoine d'Averoult ( rouen 1633 )…..

Il y eut , au pays de Normandie , un homme fort riche , mais fort grossier et mal aiguisé ,lequel avait un fils unique ,et le nourrissait fort délicieusement .
Et un autre du même pays autant plus aimable que ce riche était mauvais coucheur avait une fille fort belle et prudente , lequel si sut bien faire qu'il la donna pour femme au fils dudit riche , à condition que ce riche homme passerait tous ses biens à son fils  , lui disant que son fils lui fournirait , à lui et à sa mère ,ce qui leur serait nécessaire pour le vivre et le vestir tout le reste de leur vie  : car , dit-il ,plusieurs cas peuvent advenir , au moyen desquels , si vous demeuriez dans votre bien , votre fils   en pourrait être frustré .
Le père oyant cela ne savait plus ce qu'il devait faire .
A la fin , il céda .
Après qu'ils furent mariés ,ils honorèrent bien leurs parents en la première année , et leur firent bon traitement : mais la seconde alla mal , et la 3 encore pire , et en la 4 ... Le fils , par conseil de sa femme , les mit en une maisonnette vis à vis de la sienne , afin que leur vieillesse ne leur donna pas de fâcherie.

Il advint  que le père et la mère , tous deux anciens , eurent grande pauvreté et disette  et n'osaient plus  entrer dans la maison de leur fils . Un jour la mère vit que l'on rôtissait une oie à la maison de son fils .Elle dit à son mari : » Entre nous femmes  nous nous pouvons mieux passer de nourritureque non pas vous les hommes ,il serait bon que vous alliez à la maison de notre fils , qui fait rôtir une oie , afin que vous ayez une fois un bon repas .
Le vieillard s'achemina avec son bâton . Mais  le fils aperçut le père venir et ordonna que l'on fit ôter l'oie du feu .Le pauvre père s'apercevant d'une telle chose retourna tout triste en sa maison.
Puis le fils commanda à la servante de remettre l'oie au feu.  Après qu'elle fut cuite et mise sur la table  un gros crapaud sauta sur  l'animal rôti  et s'attacha à sa poitrine .La servante épouvantée appela son maître qui secoua l'oie pour détacher le monstre qui lui sauta au visage  et lui resta attaché .Il n'y eut pas de moyen de l'ôter ni par ruse ,ni par force , ni par conseil aucun . Il fut puni ainsi pendant l'espace de treize ans .
Il alla enfin vers son confesseur qui lui recommanda pour se débarrasser de son mal d'aller par toute la Normandie à visage découvert  raconter le pourquoi de ce qui lui était advenu afin que les enfants prissent  de là exemple d'honorer père et mère et de les secourir dans leur nécessité .

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