C'est sur la place qui la précède que s'élèvent des tentes où vont se rafraîchir les pèlerins.
Des spectacles mécaniques représentent la passion. Ces constructions frêles et temporaires s'élèvent à l'entour du vaste édifice et de l'ancienne chapelle.
Cette dernière maintenant utilisée à des usages profanes  , voit encore une foule de paysans à genoux devant sa porte murée , tant est grande la force de l'habitude des vénérations séculaires .
Tous les murs du voisinage sont tapissés de fleurs artificielles aux plus vives couleurs  , de boules de verre éclatantes , et d'images de la Patronne . Des boutiques de chapelets , et des marchands de comestibles achèvent de donner à ce lieu l'aspect d'une fête du moyen-âge ….

Gravure tirée de
La Normandie illustrée de Jules Janin

...Enfin à cinq heures après midi ,la procession commence: Quelques reliques et la petite statue de la sainte sont portées sur les épaules de deux sous-diacres , que précèdent les membres de la confrérie , en habit et manteaux noirs et rabat blanc. Le curé suit , et derrière lui , en grand costume ,n les magistrats de la localité .La foule remplit les rues .L'étroite enceinte où le célébrant doit répandre un broc de vin dans la source , en mémoire du miracle de la sainte , ne peut admettre qu'un petit nombre de personnes privilégiées , et aussitôt que libation est faite , les baigneurs s'y précipitent malgré tout , persuadés que la guérison sera complète , s'ils arrivent les premiers . Cela ne se fait pas sans un  peu de désordre ….
….  Tandis qu'à neuf heures on allume sur la place un feu de joie et que de pauvres gens en emportent les brandons pour se préserver du tonnerre , l'église est illuminée par des milliers de petits cierges , débités sur le banc des marguilliers  par de jeunes personnes parées….
…… demain , tout ce tumulte aura cessé ….

M.  de Martonne  membre de l'académie d'Evreux

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